- L’augmentation de la disponibilité et de la mobilité d’ingénieurs compétents,
- La croissance de l’activité de Capital Risk,
- La volonté d’un grand nombre d’entreprises de valoriser leur capital intellectuel « dormant » vers l’extérieur,
- L’augmentation des compétences et capacités des fournisseurs de technologies.
Ces quatre facteurs ont créé un « marché de la connaissance » qui n’est plus la propriété unique d’une société mais est répartie parmi les employés, fournisseurs, clients, concurrents, universités. C’est une économie de réseau où l’échange n’est plus à somme nulle : l’information qui circule enrichit celui qui la reçoit sans appauvrir celui qui la donne. Adopter une démarche d’Open Innovation permet donc en collaborant avec ses partenaires de :
- Réduire les risques en échangeant sur les retours d’expériences et les connaissances,
- Réduire les coûts en les partageant avec les parties prenantes de la chaîne de valeur du futur produit / service,
- Accélérer le « Time to Market » en associant au plus tôt les bonnes compétences et en répartissant la charge de travail tout un créant un effet de levier par la mutualisation des moyens financiers et humains apportés,
- Agir de façon responsable.
Dans un premier temps il faut définir l’écosystème de l’organisation que l’on souhaite « ouvrir »ainsi que les flux vers ses futurs partenaires. Pour cela on peut s’inspirer du modèle proposé par l’Etat dans le cadre des pôles de compétitivités centré autour de trois grands mondes : celui de la recherche, celui de la formation et enfin celui des entreprises et organisé autour d’un territoire. Il n’est néanmoins pas tout à fait adapté à notre démarche car, si on entend par innovation la transformation de connaissances en valeur marchande, il manque la vision du client, voir même, comme on le verra par la suite, l’individu. De plus, formation et recherche sont de plus en plus du ressort d’organisations similaires que je définirai comme « le monde académique ».
Nous pouvons donc rassembler l’ensemble des futurs « partenaires » en quatre mondes :
- Le monde des entreprises : de la startup à la multinationale, elles absorbent des connaissances, des technologies, pour créer de la richesse et de l’emploi. Ce sont les fabricants d’innovation car elles seules adressent un marché.
- Le monde académique : ce sont les grandes écoles et les universités, les laboratoires de recherche publics. Ils fabriquent des connaissances et forment des experts.
- Le monde des individus : ce sont des clients mais aussi parfois des inventeurs. Ils peuvent être salariés d’une entreprise ou d’un laboratoire mais aussi complètement étranger à l’écosystème primaire.
- Le territoire : une ville, une région, un pays, un continent… Il propose souvent des financements, des moyens (infrastructures mises à disposition pour expérimentation, Open Data, …) et s’organise autour de l’innovation (clusters / pôle de compétitivité) pour produire des emplois à haute valeur ajoutée, non délocalisables et/ou des services à ses habitants.
L’Open Innovation consiste à regrouper des partenaires, qui peuvent appartenir à des mondes différents ou non, pour produire une innovation sur un nouveau paradigme : celui d’un modèle partenarial et non plus donneur d’ordre / sous-traitant.
Si on regarde les flux entre les partenaires il existe alors une quantité très importante de processus que l’on peut raccrocher à des groupes X existant (ou pas…) pour positionner« X Open Innovation » et proposer des actions communes ou des réflexions internes. On pourrait ainsi imaginer :
Dans une relation Startup (Entreprise) – Grand Groupe (Entreprise) réfléchir à des modèles d’Open Innovation « Win – Win » :
- Rôle des achats (X-Achats),
- Financer la croissance organique de la Startup (X-Finance) pour qu’elle se mette au niveau du grand groupe,
- Définir un accord de consortium (X-PI),
- Pensez les modèles d’innovation collaborative (coopétition, mutualisation des dépenses technologiques sur des secteurs différents, complémentaires pour servir un très gros marché, …)…
- Essaimage,
- Transfert de technologie (X-Recherche),
- Bonnes pratiques de licencing (X-PI)
- Au rôle de la collectivité dans la création d’entreprise (Incubateur)
- Au financement en amorçage (X-Finance)
- A la Responsabilité Sociétale des Entreprises (innovation responsable) ou à la GPEC (avec le monde académique en plus).
- L’innovation centrée autour de l’utilisateur / client (Design Thinking, User Experience)
- La conduite d’une changement via les challenges d’innovation internes (appel d’idée vers les salariés d’une entreprise),
- La gestion des inventeurs isolés (« type concours Lépine ») par une entreprise…
Bref, ma vision de l’Open Innovation est large et ne se résume pas à la simple création du nouveau produit ou service mais comprend la redéfinition et l’organisation de tout l’écosystème qui a permis cette réussite. La liste est donc presque infinie mais je trouve que le regroupement en 4 mondes et l’approche Open Innovation permettent de donner un contexte cohérent et un éclairage sous un jour nouveau à beaucoup de démarches qui existaient déjà. C’est donc autant d’occasion pour« s’ouvrir » aux autres groupes X et partager nos expériences…
Merci d’avance pour vos commentaires avisés !
Michaël.
4 commentaires:
@Michaël,
très intéressante cartographie qui permet de poser des jalons.
Néanmoins, la segmentation entreprise/académies/individus est sans doute "poreuse" notamment dans le secteur des prestations intellectuelles : un professeur gère parfois un cabinet de conseil et inversement, un consultant "intervient" dans les mastères.
Dans les autres secteurs, les entreprises sponsorisent des chaires (quid de la propriété intellectuelle ?) et des universités participent aux financements de jeunes pousses (par une concession ou cession des inventions)
"poreuse" : à ma connaissance, le terme a été avancé pour la première fois par Orange Labs.
Il y a plusieurs modes de coopérations entre monde académique et monde des entreprises :
1/ Le laboratoire "commun" (pour ceux que le sujet intéresse, j'inaugure l'OpenLab "Intelligence Economique" de PSA avec l'Université de Bordeaux le 23 novembre --> me contacter)
Les règles au niveau de la PI sont écrite par avance dans un contrat de collaboration.
C'est souvent une initiative de la Direction Scientifique ou R&D
2/ La chaire industrielle
A priori l'entreprise n'a aucun droit en termes de PI. La chaire est assimilable à du mécénat c'est un chèque en blanc vers l'Université sans obligation de résultat. L'Université à la pleine propriété.
C'est souvent une initiative de la Direction RH pour maintenir des relations privilégiée avec l'établissement (souvent grandes écoles, cela permet de construire la notoriété de l'entreprise et attirer les meilleurs profils)
3/ Le mode projet
Partenariat pour un projet (type FUI, ANR, PCRD...) les règles de PI sont fxées dans le cadre d'un accord de consortium établi au moment du lancement du projet.
Selon moi le professeur qui gère un cabinet le fait au titre d'une "entreprise" il sort du monde académique pour valoriser ses connaissances mais ne cherche pas à en créer de nouvelles. Pendant qu'il exerce une activité de consulting, s'il le fait à titre individuel, il ne peut plus être considéré comme appartenant au monde académique, il a été "spin-offé" comme une startup.
La cartographie que tu proposes dans l'univers des groupes X et du rôle que tu leur attribues dans le modèle Win-Win est très intéressante.
Pour mettre en action cette mécanique, je suis prêt en temps voulu à faire un appel à contribution sur X-Recherche pour identifier des volontaires et tester ce schéma.
Je suis pour ma part satisfait que la relation "entreprise / individu" ait bien été incluse dans la typologie.
On pourrait (devrait?) toutefois séparer la notion d'individu-client (et les méthodes de crowdsourcing, par exemple) et la notion d'individu-membre de l'entreprise dont la mission n'est pas a priori d'innover (et le concept associé d'inovation participative)
Enregistrer un commentaire
Remarque : Seul un membre de ce blog est autorisé à enregistrer un commentaire.