mercredi 17 avril 2019

EdTech ou la désintégration de la chaine de valeur de la formation professionnelle [avril 2019]

La EdTech  (segment numérique qui désigne les startups adressant le secteur de l'éducation et de la formation) française attire les investisseurs :
  • janvier 2018 : 10 M€ pour SpeachMe [1]
  • mai      2018 : 50 M$ pour Klaxoon [2]
  • avril    2019 :  41 M$ pour 360Learning [3], fondé par Nicolas Hernandez (X2007).

Ces trois startups partagent le même positionnement : elles offrent des services de plateforme d'infrastructure pédagogique et ne produisent pas directement de contenu.

Serait-ce une confirmation de la désintégration de la chaîne de valeur de la formation professionnelle, que nous avions explorée en 2014 avec le Personal MOOC [4a][4b] ?


Néanmoins, entre le modèle plateforme et le modèle intégré, rien n'est joué.

Ainsi, Open Classroom [5], au modèle d'affaires intégré, a levé 60 M$ en mai 2018.

En revanche, Navadra, qui ambitionnait de "redonner aux enfants l'envie de faire des maths" [6] n'a pu continuer son aventure.

La directive européenne sur le droit d'auteur dans le marché unique numérique, définitivement ratifiée par les États membres ce mois-ci, impactera-t-elle les stratégies des acteurs ? [7]

Produire une solution de formation professionnelle différenciante n'est pas seulement une affaire d'ingénierie technologique mais également une affaire de flux de droits d'auteur [8].


[1] SpeachMe, site officiel
[2] Klaxoon, site officiel
[3] 360 Learning, site officiel
[4a] Un exemple d'innovation frugale, le Personal MOOC, 13 mars 2014, X-Open-Innovation
[4b] Trophée IT Innovation Forum 5 /CRIP pour l'innovation frugale du Personal MOOC , 29 janv. 2015, Do-Khac Decision
[5] Open Classroom, site officiel
[6] Diversité pédagogique pour les maths au collège,, 13 janvier 2017, X-Diversité
[7] Réforme du droit d'auteur : article 11 de la directive européenne, 16 sept. 2018, X-Propriété-Intellectuelle
[8] Flux B2B de droits d'auteur, 31 mars 2019, L'entreprise numérique créative

Mise à jour août 2021

Au moment de la publication de ce billet (avril 2019), le startup numérique Klaxoon, - qui avance  un service numérique de tableau blanc collaboratif ("Board")- , ne représentait pas de contenu à l'exception de quelques templates de management emblématiques édités par des tiers d'origine anglo-saxone et utilisés par la startup à des fins de démonstration de son service.

Depuis 2020, sous la pression de l'arrivée de produits "me too" (Lucidspark, Mural...) mais développant une valeur ajoutée de contenu en vue de se différentier du pionnier de l'écosystème français, Klaxoon a intégré dans son service Board tout en ensemble de templates portant des méthodes de management estampillés "By Klaxoon".

Néanmoins, un opérateur de télécommunications et de médias, qui utilise notamment Board, n'a pas estimé opportun de reprendre pour l'usage de ses propres collaborateurs les templates "By Klaxoon" : en effet il a (re)créé sa propre bibliothèque de templates de méthodes de management.

Outre un meilleur alignement aux besoins d'entreprise (feuille de style graphique portant la culture de l'entreprise, identité visuelle,...), cet opérateur obtient une meilleure flexibilité lors d'interactions avec son écosystème : en éditant ses propres templates, il se réserve l'entière liberté de les utiliser sur les solutions de tableau blanc virtuel alternatives (Microsoft Whiteboard, Google Jamboard, Miro,...) adoptées par ses clients et fournisseurs.

Néanmoins, pour les méthodes portant des droits d'auteur, il reste à cet opérateur d'en sécuriser un usage économique loyal. 

Heureusement, celui-ci dispose de ressources internes spécialisées de management de média public ; il a pu ainsi négocier les bonnes licences avec les porteurs de droits originaux et pourvoir à la formation de ses coachs et animateurs au parfait respect du droit de paternité.

Mais pour les acteurs où le métier média n'est pas dans leur ADN (startups de l'EdTech, consultants, entreprises industrielles,...), il leur appartient de consulter opportunément des conseils en propriété intellectuelle (CPI) pour nourrir leurs stratégies de copyright B2B et assurer une création de valeur responsable et durable pour eux et leurs clients [a].



[a] Sécuriser les outils de management graphique sur tableau blanc virtuel, X-Propriété-Intellectuelle, sept 2021
Mise à jour janvier 2022

Une stratégie de création de valeur responsable et durable ne peut reposer sur des externalités négatives [1].

Mais entre loyauté économique et valorisation financière immédiate, l'arbitrage fait parfois pencher vers les externalités négatives, notamment face aux injonctions des trajectoires d'investissement.

Néanmoins, lorsque les enjeux portent d'actifs immatériels long terme, comme une réputation, l'arbitrage entre loyauté économique et valorisation financière immédiate semble moins problématique.

On peut ainsi observer que le Cigref, une association des grandes entreprises françaises fondée en 1970, n'a pas pris, à l'occasion d'une récente opération d'influence, le moindre risque de perception par son écosystème d'une quelconque déloyauté vis-à-vis des droits d'auteur de tiers [2].

[1] Qu'entend-on par externalités négatives ? France Culture 27/10/2021
[2] Un acte insigne de loyauté économique en droit auteur B2B, dec 2021, X-Propriété-Intellectuelle

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