samedi 6 mai 2017

Pensées de politique économique de camarades de la 79, pour voter au second tour

Éditorial

ce samedi soir, plusieurs mails ont été échangés spontanément dans la promo 79, en utilisant le réseau social numérique dédié à la 79.

Les contributions sont marquées par les initiales de leur(e) auteur(e) respectif.

Merci au(à la) modérateur(ice) du réseau social d'avoir permis ces échanges.

Bonne lecture
Tru Do-Khac 79


Rappel :
Un Groupe X est géré par ses statuts.
Son agrément par l'AX est soumis notamment à l'acceptation de ses statuts par l'AX.
Les statuts de l'AX disposent :
"L’association s’interdit toute prise de position sur des questions de nature politique ou religieuse. "

Les Groupes X agréés par l'AX s'obligent à respecter cette clause.

X-Open-Innovation est un groupe agréé par l'AX.


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Bonjour à tous

Je profite de vos échanges de mails pour m’immiscer dans la conversation et avoir le sentiment de cadres dirigeants sur un point qui nous préoccupe dans les marchés de capitaux

Je suis dans une salle des marchés et c'est un secteur industriel où les intervenants estiment que le premier pb de l'europe est sa devise...

Il est dommage que ce thème ait été décrédibilisé pendant la campagne par Marine et Jean Luc alors qu'il s'agit d'un facteur du premier ordre.

Le bug créé par la mise en place de l'euro est maintenant facile à comprendre (on n'échappe pas aux maths); - une parité fixe entre les devises d' un pays producteur (AL) et un pays consommateur (FR) fait des ravages sur le pays consommateur en bloquant une réévaluation de la devise du pays producteur qui était la force de rappel naturelle pour limiter ses exportations et rééquilibrer les flux. Ce qu'à fait la chine avec les US en pegguant sa devise sur le $. l'Allemagne n'a même pas eu à le faire; Le peg européen est lui, institutionnel... - D'où une dégradation de la balance commerciale FR qui était proche de 0 dans les années 2000 et qui vaut -5 G€/mois actuellement (source Bloomberg) - Financée par de la dette vendue à des non résidents qui demandent maintenant, logiquement, une prime de risque.

Conséquence; l'Allemagne a accès à du K à coût négatif, positif pour la FR et (très) positif pour les pays du club med.

Autrement dit: les usines flambant neuves sont gratuites en Allemagne et (trop) couteuses en périphérie. Conséquence, les jobs capitalistiques à forte valeur ajoutée se concentrent au centre, les jobs de service (service à la personne) en périphérie.

Devant impossibilité de jouer sur les devises pour rééquilibrer les flux et lutter contre ce phénomène , la seule possibilité est la dévaluation interne, donc baisse du coût du travail en périphérie... mais étrangler les peuples finit tjrs mal et affirmer que le smic est trop élevé laisse songeur.

Encore une fois, l'€ n'est pas à l'origine de nos pb mais non seulement, bloque les ajustements de parités qui réglaient les pb historiquement, mais de plus accélère considérablement les mécanismes par les primes de risques qui se crééent. Et plus un pays va mal et plus sa prime de risque devient insupportable.

Les gouvernements/pays périphériques sont dans une nasse où toute marche arrière est compliquée; la sortie de l'€ tétanise. Le temps qui passe aggrave encore le pb.

Pourtant il est possible de faire quelque chose: il "suffirait" que les FR achètent des produits fabriqués en FR. La balance de paiement redeviendrait >0, les primes de risque disparaitraient. Ce concept est ringard en FR. Pas aux US où cette com existe. Pourtant, lorsque nous achetons un produit allemand, on le paie 2 fois car les cotisations chômage ne sont pas mutualisées. Peut être même 3 fois car nos gamins vont hériter de dirty jobs. Quand à une union politique €, plus personne n'y croit guère dans les marchés

Peut être que l'Ecole pourrait animer une démarche "acheter FR" à la Montebourg. Histoire de faire qq chose au lieu de disserter sur Pénélope.

PV 79

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Très intéressante contribution de notre camarade PE 79.

Il me semble que la force de rappel qui permettrait de faire cohabiter des économies divergentes est la subvention/redistribution massive du centre vers les périphéries (comme nous l’avons en France entre la région parisienne et le Cantal). Donc plutôt un peu plus d’Europe qu’un peu moins. Mais les peuples semblent aujourd’hui peu enclins à ces transferts dont une partie se fera dans la douleur sous forme de remises massives de dettes…

Amicales salutations,
PG 79

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D’abord, même si cela a été fait, rendons à Cæsar ce qui est à Cæsar, c’est PV 79 qui est à l’origine de cette contribution et non moi ; même si, vu sa qualité, j’ai été flatté d’en avoir été crédité pendant quelques mails.

J’en partage complètement l’analyse. D’abord sur l’analyse elle même et ensuite sur le fait qu’il soit dramatique que cette problématique soit aussi mal abordée par les politiques.

Je ne crois pas une seule seconde comme semble le faire HP 79 à la possibilité d’un équilibre stable par de la redistribution massive à grande échelle sur le long terme vers des Continent/Pays/Régions/Départements. Les émeutes récentes en Guyane pourtant inondée d’argents depuis des décennies par la métropole le montrent. C’est même insultant d’installer un paysan grec dans la pauvreté en lui versant une subvention versée par de grands céréaliers. Un confrère de La Réunion m’expliquait qu’avant 1981, l’ile possédait en son centre de nombreuse très petites exploitations (2-3 ha) viables qui ont cessé de l’être brutalement avec les aides venues de Paris. Le chômage et in fine la misère a paradoxalement explosé depuis que des subventions sont versées en élevant artificiellement le niveau de vie de référence.

La problématique évoquée par PV 79 me fait rebondir sur un autre sujet tabou directement lié qui est l’inflation. Les Allemands y sont viscéralement opposés pour des raisons historiques mais sans doute aussi maintenant par intérêt économique. Dans les économies fortes, en cas d’inflation les salaires suivent les prix et rien ne change en terme de pouvoir d’achat. Dans les économies faibles, les salaires, les services et les biens locaux ne suivent pas alors que les biens externes flambent. L’économie locale redevient plus compétitive. En réalité, l’inflation est l’autre méthode naturelle pour réguler les points de surchauffe :

· Mise au bon niveau des économies faibles : le paysan grecque peut de nouveau vivre de la vente de son fromage, mais ne pourra plus s’acheter d’IPhone,

· Les rentiers et plus généralement ceux qui vivent du capital sont spoliés au profit des actifs (cela s’est produit de nombreuses fois dans l’histoire). Thomas Piketty l’expose très bien dans son livre sur le capital.

· Une inflation permet de mieux gérer les ressources humaines dans une entreprise en permettant d’adapter réellement les salaires à la compétence instantanée.

Contrairement à ce qu’on peut croire, les salariés sont en fait très protégés contre l’inflation. Nous avons tous débuté avec une certaine inflation qui permettant de fortes augmentations aux jeunes, de calmer la rémunération des « erreurs » …et d’emprunter pour acheter son logement en remboursant avec des cacahuètes en fin de prêt.

La situation actuelle pour les salariés est incroyablement démotivante. Salaires bloqués et aucune perspective d’évolution. Impossibilité pour l’entreprise de récompenser les « bons » par des augmentations significatives. On est très loin de ce que nous avons nous connu en débutant.

On se masque la réalité avec des discours d’Apocalypse et des dictats de bien pensance absurdes. On nous parle de l’augmentation du nombre de pauvre par exemple. Or le seuil de pauvreté est défini comme un revenu inférieur à la moitié du revenu médian. Donc il y a plus de pauvre à Monaco qu’au Bengladesh :

· À Monaco le salaire médian est très élevé et beaucoup de gens gagnent moins de la moitié. Il y a beaucoup de pauvres. · Au Bengladesh le salaire médian doit être de 300 €/an. A moins de la moitié on est mort. Donc il n’y a pas de pauvre.

On vit bien en France mais parfois on étouffe.

PE 79
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Bonjour

Je trouve le raisonnement de PV79 très intéressant. Toutefois il repose sur une hypothèse forte, celle que il y a un pays producteur (au sens qui produit plus qu'il ne consomme) et un consommateur (réciproque). Cette hypothèse dans le cadre d'une monnaie unique ne permet pas d'ajustement monétaire. C est donc la prime qui fera la différence entre une "bonne contrepartie " et une moins bonne. Dans une configuration où chaque pays dispose de sa monnaie, C'est le différentiel de change et la prime liée au risque de change qui servent d'ajustement. Le K dans le pays producteur est la aussi moins onéreux que celui dans le pays consommateur. Ce n'est donc pas, en premier ordre, une question de monnaie unique, c'est plus une question que les investisseurs ou prêteurs n'aiment pas ceux qui vivent au dessus de leur moyens.

L'avantage de disposer de deux monnaies est que que l'ajustement résulte au premier chef de mécanismes de marché que les dirigeants peuvent condamner au nom du capitalisme ou de la mondialisation alors que quand on est dans une monnaie unique on met en avant le "carcan" de cette monnaie qui a un défauts (elle ne permet plus de "bénéficier" de l'ajustement monétaire et de la prime de risque correspondant en se défaussant sur la diabolisation de la mondialisation et du capitalisme) et une qualité (elle permet d'accuser l'autre camp d'avoir fait un mauvais choix anti nationaliste et de perte de souveraineté en adoptant cette monnaie unique).

Le premier problème reste cependant incontournable : pourquoi notre pays est il "consommateur" et non "producteur" ? Alors qu'académiquement climatiquement, et même en matières premières ou culturellement ont n'est pas si différent de notre voisin. Le débat est donc bien structurel (dépenses supports vs création de richesse) et social ( nature et efficacité de la redistribution et de l'effort demandé à chacun).

JMC 79

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En pure théorie, le marché intérieur européen devrait s'équilibrer non par des transferts mais grâce à la mobilité des travailleurs. Comme aux USA.

Celle-ci existe en droit depuis l'origine. Mais en fait la mobilité intra-européenne est limitée par les problèmes culturels (vivre et travailler au pays...) de langue et de non portabilité des droits sociaux.

DH79


--------------------------------------------------------------------------------------------------------------------- Bonjour,
Des débats qui volent haut au sein de la 79!

Mais si je suis Pierre, il faudrait une monnaie pour la région parisienne et une pour le Loire et Cher. Et peut-être une pour le 92 et une pour le 93. Une pour la Californie et une pour le Michigan. Bref la monnaie commune traduit une vision politique et notamment le souhait de créer un espace Européen puissant sur un plan économique.
On met les frontières à l’endroit qui correspond à sa conception plus ou moins nationale ou plus ou moins européenne de l’espace commun au sein duquel on veut évoluer.
Il n’y a pas de règle qui définisse la bonne taille des pays / groupements économiques - fédéraux ou non - possédant leur propre monnaie.
Les souverainistes n’aiment pas mais je me demande toujours si quand on est l’avocat d’un retour au franc, on raisonne vraiment sur un plan purement financier et économique - j’admets que les arguments développés sont rationnels - ou si justement on habille avec d’autres mots son amour pour l’indépendance nationale (et je ne connais pas du tout les opinions politiques de Pierre).
Il ne serait pas question à mes yeux de revenir sur l’Euro. Mais je suis dans une zone de compétence faible et je ne travaille pas dans une salle de marchés.

Amitiés, à tous, votez bien

 YW 79

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Effectivement, la réponse d'YW 79 est politique: quel est l'espace dans lequel doit s'inscrire la souveraineté, eu donc la mise en oeuvre de solidarités globalement consenties.
Que l'on soit favorable ou non à l'UE, la définition des limites n'a jamais été faite, ce qui aurait obligé les Etats à définir le projet.
Ce non-dit ne va plus tenir longtemps après le referendum de 2005 et le Brexit. Le nouveau Président devra sortir d'une ambiguïté de 30 ans.

SD 79

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Le passage de l'échelle "continentale", ici européenne, ensemble de nations à celui des départements ou régions pour la France, et en parallèle, là étatsunienne, état fédéral, à celui d'un de ces états, me semble particulièrement intéressant à réfléchir, surtout en ce qui concerne ce que chaque personne y vivant se ressent comme appartenances.

Aux USA, il me semble que, pour la grande majorité, le citoyen se sent d'abord américain (drapeau, hymne, devise et monnaie) avant de défendre son état, ce qui est même assez marginal sinon très discret, ou son université ou high school, ce qui est plus fréquent ou plus ostentatoire (je mets de côté les aspects de religion et d'ethnicité qui compliquent la discussion, mais ne me semblent, non pas marginaux, mais plus transversaux et surtout plus spécifiques aux USA, dans ce parallèle des ressentis des hiérarchies d'appartenance. Voire).

En Europe, sinon la monnaie, et éventuellement le drapeau, sont-ils si nombreux, nos concitoyens qui peuvent chantonner l'hymne européen sans qu'on leur en donne les premières notes ? (Bon, après hier soir, peut-être un peu plus). Et de fait, combien sommes-nous en Europe à nous revendiquer d'abord européens ? Nous sommes tous peut-être encore "très"…, qui français, allemands, belges ou espagnols, qui suédois, slovènes, roumains ou grecs, etc. A contrario, je pense qu'en région parisienne comme en Loir-et-Cher, en 92 comme en 93, la plupart des gens se revendiqueront d'abord comme français plutôt que franciliens, loir-et-chériens, altoséquanais ou séquano-dionysiens (merci Wikipédia). (Je passe sous silence quelques exceptions régionalistes du genre séparatistes et/ou bruyantes, car il existe aussi des régionalismes, certains volontiers transfrontaliers, qui se sentent bien à leur échelle géographique sans renier les appartenances de plus grande échelle. Du coup, ils sont plutôt assez discrets !).

La caractéristique qui transcende certaines limites géographiques et s'arrête à d'autres (dites frontières), est bien sûr la culture, et l'un de ses véhicules, la langue. Musique et arts, notamment graphiques, permettent de jeter des ponts. Mais trop souvent, les langues sont considérées comme des barrières. Certes, il y a la paradoxale Belgique ; peut-être devrions-nous plus « l'ausculter », et peut-être en tirer quelques recettes ; mais au moins sur le plan de la sphère administrative, je crains que celles-ci n'aient déjà inspirées en partie le fonctionnement de la C.E., avec, au changement d'échelle, des difficultés exponentiellement accrues. Certes, il existe de facto une langue de travail, l'américain. On pourrait regretter que cette langue n'ait pas fini de se différencier de l'anglais, ce qui nous aurait sûrement changé quelques petites choses dans le creuset européen. Car cela crée bien évidemment un déséquilibre entre anglais et anglophones non natifs lors des discussions internationales, que, disons pour faire court, l'imposition de trois langues de travail officielles auprès de la CE, n'a pas suffi à contre-balancer.

Il me semble qu'il y aurait "autant" d'efforts à faire du côté des langues que du côté des diverses facettes économiques. À commencer par faire tomber quelques mythes sur la difficulté de "maitriser les langues". Et l'avantage ici est qu'il s'agit d'un enrichissement partageable par tout volontaire, et non plus seulement réservé à un corps de compétences, économistes, représentants politiques, financiers, juristes, etc.

Ainsi, il n'est somme toute pas très difficile d'apprendre assez des bases d'une langue pour en quelques mois, la comprendre au niveau d'un échange quotidien. L'expérience à laquelle j'ai assistée il y a une 15aine d'années entre 5-6 universités européennes était d'associer en trinôme des étudiants de trois pays et langues différentes. Le rapprochement se faisait sur une base d'intéressement commun pour un projet. Puis pendant un trimestre, chacun recevait une formation _à la compréhension_ des deux autres langues, en version simplifiée, sans effort spécifique pour apprendre à la parler, se l'approprier : juste surtout pouvoir en lire des textes simples et un peu l'entendre. Ensuite travail en commun sur le projet rassembleur, chacun s'exprimant dans sa langue. Résultat impressionnant, notamment en ce qui concerne la richesse des productions.

Une autre approche est de recourir à une langue neutre et simple à apprendre. La neutralité vient de ce qu'aucune valeur nationaliste n'y est attachée, et donc, lors d'échanges, chacun fait "la moitié" du chemin. L'espéranto est la plus largement parlée d'entre elles, dont on peut apprendre les bases en quelques semaines, puis enrichir en quelques mois son vocabulaire. Des variantes plus modernes existent qui en corrigent quelques aspects d'origine nous apparaissant souvent en 2017 comme des défauts. Un avantage démontré par plusieurs expériences auprès de scolaires est le côté catalyseur (de l'espéranto) pour l'apprentissage ultérieur des langues naturelles plus complexes, accéléré par l'entrainement à la gymnastique linguistique si aisément procuré par cette langue construite.

Toutefois (banalité juste pour ne pas l'oublier), n'hésitons pas à apprendre, quelques mois auparavant, les rudiments d'une langue d'un pays que nous allons visiter, même quelques semaines. Une, forcément brève, conversation au-delà du bonjour et merci, ouvre grandes les portes à l'échange sensible, même si rapidement une langue plus classique est appelée à la rescousse. Et bien sûr, quelle meilleure clé pour appréhender la culture d'un peuple !

Voilà ces quelques mots pour rappeler qu'il y a aussi une Europe des personnes à construire, qu'elle se fera au travers d'innombrables petits partages, que rien de mieux que d'envoyer nos jeunes six mois en étude "là-bas" ou une paire de mois à errer grâce à un passe de voyage genre interrail trans-Europe ou autre. Et voyager.

Mes deux centimes d'euros !
Salutations cordiales

EL 79

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